Stratégies de reproduction sociale parmi les classes ouvrières : travail, crise et reconnaissance dans le sud-est de l'Espagne

Cette monographie examine comment les familles ouvrières obtiennent des ressources suffisantes pour survivre et se reproduire socialement. Dans un monde capitaliste où le principal moyen d'obtenir des ressources est le salaire, l'auteur s'interroge : « Comment les familles parviennent-elles à joindre les deux bouts lorsque l'emploi formel est rare ou temporaire ? » D'une perspective sociologique critique, cette monographie de recherche analyse et comprend l'organisation socio-professionnelle et les stratégies de reproduction sociale des classes ouvrières de la Vega Alta, dans la région de Murcie. Ce territoire rural est considéré comme paradigmatique du sud-est de l'Espagne et, par extension, du sud de l'Europe, où la structure du travail est fortement conditionnée par la temporalité du travail formel, notamment dans l'agroalimentaire, où la régulation formelle et rationnelle-juridique de l'organisation du travail est étroitement liée aux normes morales et aux cultures du travail qui sous-tendent les relations socio-professionnelles et les stratégies de reproduction sociale des classes ouvrières. L'analyse des faibles perspectives formelles que le modèle de développement subsidiaire du Sud offre aux classes ouvrières pour leur intégration sociale subalterne met en lumière toute une série de normes morales et de modes de compréhension de la vie qui se sont construits et solidifiés au fil des ans. En ce sens, les aspects les plus subjectifs s'entremêlent à l'objectif de produire des modes de vie et d'organisation du travail socialement résolus. L'analyse des aspects subjectifs et moraux, qui dépasse une analyse purement quantitative et matérielle, constitue l'un des principaux apports de cette monographie, car la crise du modèle d'intégration sociale ne peut être comprise sans élargir notre champ d'analyse à l'inquantifiable et au subjectif.